09/03/2011

28-02-11/05-03-11 : CRISTCHURCH – VOLUNTEER

Lundi matin c’est aux aurores que je me réveille, en pleine forme et avec le soleil. Parée de ma pelle sur l’épaule (une pelle plus grande que moi !!) j’entame mes 30 minutes de marche pour rejoindre les étudiants et les volontaires sur le parking du campus. Au bout de 20 mn, à un croisement, une voiture s’arrête et me propose gentiment de me déposer à l’université ! Il s’agit de Carlos, cubain ayant la quarantaine, habitant à Cristchurch depuis de nombreuses années et se rendant au travail. Il m’encourage vivement en me disant que c’est génial d’aller aider, qu’il y a du travail dans les banlieues qui sont encore sous la liquéfaction et que lui allant au travail, me déposer est le moins qu’il puisse faire pour soutenir à sa façon l’effort des volontaires ! En me déposant il m’offre même sa carte de visite en me proposant un toit si jamais j’avais des difficultés à me loger par la suite : encore un bel exemple de la mentalité des gens ici, ils ne cesseront jamais de me surprendre tellement ils sont accueillants.
Je trouve une longue file d’attente sur le parking, de jeunes et moins jeunes, étudiants ou volontaires, qui attendent pour s’enregistrer et se rendre sur le terrain. Il y a des pelles, des bêches, des brouettes à disposition pour ceux qui n’ont rien emmené, la ligue contre le cancer distribue de la crème solaire, de jolies et souriantes étudiantes distribuent du Redbull et des fruits et un étudiant expilque patiemment au parlophone le déroulement de la journée pour chaque mission. Comme je suis toute seule, je m’inscris sur les listes des batlions et on me procure bouteille d’eau, masque et gants après mon inscription. L’immense chapiteau qui sert de lieu de rendez-vous sert également de buffet/petit-déj’ et c’est en sirotant un café au soleil que j’attends d’embarquer dans les bus ! Bus qui ont réservés au préalable par les étudiants et mis à disposition par la ville pour que nous puissions nous rendre dans les banlieues en nombre. Chaque bus à son « étudiant-encadrant », le cheer leader, qui nous donne à chacun un plan avec le quartier à nettoyer, le lieu de rendez-vous pour le déjeuner et pour le retour en bus indiqués sur le même plan, et qui définit l’aire que nous allons nettoyer dans la journée.
Comme le centre-ville est toujours considéré beaucoup trop dangereux d’accès pour les civils, nous contournons Cristcurch et j’aperçois clairement les dégâts causés par le séisme aux abords de la ville :
Les maisons effondrées, les panneaux de signalisation et arbres déracinés, le plus grand hôtel de Cristchurh fissuré en 2 au loin, les rues partagées en 2 ou plus par des crevasses semblant être sorties de terre, des amas de briques/tôles/bois à la place des bâtiments, des carcasses de voitures fracassées par ce qui leur est tombé dessus, les rues les plus sinistrées barrées par l’armée et de la poussière, beaucoup de poussière…Plus on avance et plus je me demande ce que je vais découvrir en arrivant sur le lieu de ma première mission. Pendant le trajet tous les passants que nous croisons nous font signe en nous encourageant, les militaires nous sourient franchement en nous faisant signe également, tout le monde nous congratule franchement, c’est grisant et ça donne encore plus envie d’agir, moi qui me fait féliciter pour quelque chose que je n’ai pas commencé ! Lorsque nous arrivons, les batlions se séparent et nous nous dispersons dans le quartier (ou ce qu’il en reste sous les eaux et des montagnes de boue sableuse noirâtres et nauséabondes qu’est la liquéfaction) pour attaquer le nettoyage. Et ça se déroule d’une façon très simple : nous formons des équipes instantanées de pelleteurs&porteurs de brouette puis nous rendons directement chez les résidents pour proposer notre aide. Généralement les résidents sont déjà eux-mêmes au travail et c’est tout naturellement qu’ils nous assignent des tâches lorsque nous nous présentons. Si les néo-zélandais sont très accueillants, les étudiants sont beaucoup moins ouverts et sont venus passer la journée avec un groupe d’amis, donc je mets un petit moment avant de trouver mon équipe composée de 6 gaillards pelles&brouette confondues (tant qu’à faire hein !). Toute la rue est rapidement investie par les petits groupes « d’intervention » que nous sommes et nous sommes rapidement rejoints par les fermiers de la côte Ouest de l’île Sud qui viennent prêter main forte avec leurs machines. La liquéfaction est partout, nous pataugeons dedans et il faut tout enlever des jardins, des garages et de la rue. Nous pelletons et remplissons les brouettes que nous vidons dans la rue puis les machines enlèvent les tas de terre/sable/boue pour remplir les camions qui vont vider tout ça …je ne sais pas où ! Je comprends pourquoi ils nous ont demandé de porter des chaussures solides telles que des chaussures de marche ou des bottes en caoutchouc au moment où pour mon premier coup de pelle ma chaussure reste engluée dans l’espace de sable mouvant qu’est la liquéfaction encore bien fraîche à certains endroits : ça les fait bien marrer , moi la petite européenne qui perd ses Adidas roses dans la boue et ça détend de suite l’atmosphère dans notre « working team » ! Nous commençons par dégager la voiture d’une famille Maorie enlisée dans la rue devant chez eux et par nettoyer la rue autour. Pour nous remercier les enfants m’offrent la ration de nourriture que l’armée vient de leur délivrer : le comble ! Nous sommes là pour les aider et ils nous donnent le peu qu’ils ont ! Comme j’ai de la quiche (précédemment cuisinée par Colette) sur moi, nous procédons à un échange culinaire franco-néozélandais des plus sympathiques avec l’ado Maori qui est ravi de la déguster !! Puis nous nous attaquons aux maisons environnantes, avec toujours plus d’entrain et de motivation devant l’accueil que nous réservent les résidents à notre arrivée et les remerciements dont ils nous font part lorsque nous les quittons après avoir fini. C’est une journée magnifique et le soleil tape sur les travailleurs, nous en profitons pour peaufiner notre bronzage de camionneur et la pause-déjeuner se fait dans un grand parc au milieu du quartier où tous les escadrons se rejoignent à l’heure dite. Là encore, jamais on ne croirait être en train de nettoyer les restes d’un séisme, je me croirais dans un festival ! 1500 personnes réunies sur l’herbe, de la musique en fond, un camion Nestlé qui distribue les boissons chaudes, un camion Maggie qui s’occupe des soupes instantanées, des volontaires qui distribuent les pique-niques, de nouveau de jolies jeunes filles qui distribuent des Redbull, tout ça dans une ambiance décontractée, tout le monde sourit, s’installe sur l’herbe et profite ! Les résidents nous rejoignent et nous en profitons pour discuter de ce qui leur est arrivé plus longuement qu’entre 2 coups de pelle, sachant que le séisme est sur toutes les lèvres de toutes façons. Là encore une chose est frappante, la plupart ont tout perdu mais l’expriment avec le sourire, aucune dramatisation, pas de sentimentalisme, ils se sont fait une raison depuis le premier séisme de septembre dernier et ma foi même si c’est dur (notamment pour certains qui ont perdu des proches) il faut se relever et commencer par tout nettoyer pour pouvoir recommencer ensuite ! Certes ils ne sautent pas de joie, mais pour la plupart ils sont loin d’être abattus et sourient facilement en partageant leur expérience et leur vécu du séisme (certains dans la douche, d’autres au bureau, d’autres dans la voiture, d’autres dans la rue ou dans un parking). La grande majorité d’entre eux avait contracté une assurance habitation en béton après le séisme du mois de septembre donc ils ne s’inquiètent pas pour le remboursement des dégâts mais plus pour la possibilité de rester chez eux ou de recommencer ailleurs. Ils sont souvent surpris d’apprendre que je suis française et rigolent en me disant que je découvre les joies de la liquéfaction, mais toujours ils me remercient d’être là et d’aider moi « fucking globe-trotter » (sympa le petit nom !). Mais surtout ils sont fiers, très fiers de leurs étudiants et de la solidarité qui a été mise en place pour les aider même si pour eux ce n’est pas une surprise, c’est comme ça que ça marche ici !
L’après-midi nous reprenons de plus belle sous le cagnard, dans une ambiance de plus en plus détendue et la fin de la journée se transforme en concours de remplissage de brouette le plus rapidement possible pour mon équipe ! En fin d’après-midi, après avoir fini de nettoyer toute la rue, nous rentrons en bus sur le campus rendre le matériel emprunté et faire acte de présence sur les registres. La même tente blanche de la matinée est maintenant transformée en banquet géant avec de multiples denrées cuisinées par les habitants de Cristchurh et apéro à notre disposition ! Un groupe de musique joue en live et tout le monde se retrouve pour échanger sur sa journée dans une ambiance festive et des plus détendues avec les derniers rayons du soleil, ils n’en finissent pas de me surprendre ! J’entame tranquillement les 30 minutes de marche pour retrouver ma famille d’accueil, fatiguée, gorgée de soleil, ma lourde pelle sur l’épaule et …sereine ! Il fait bon, le soleil brille toujours, les gens me serrent la main dans la rue pour me remercier (toujours aussi étonnant !) et j’écoute la musique en rentrant, je me surprends même à chanter sur le trajet, ça faisait tellement longtemps que ça ne m’était pas arrivé ! (D’ailleurs, Jo si tu suis, la première chanson que j’ai entendue en rentrant c’était Jeunesse Lève toi, j’ai trouvé ça marrant après une journée aussi active avec la jeunesse néo-zélandaise J ). J’étais contente d’être redescendue pour quelque chose, de donner tout ce que j’avais à chaque coup de pelle, c’était utile et ça aidait : tout ce que je j’escomptais !
Le mardi matin j’ai découvert des muscles souffrants dont j’ignorais même l’existence, mais toujours aussi enjouée je rencontrais un groupe de volontaires que j’avais contacté sur facebook pour ma 2ème journée de travail. J’ai abandonné la pelle au profit de la bêche, rempli mon sac de friandises et autres douceurs sucrées et changé de chaussures ! Le soleil était de nouveau de la partie et les volontaires sont venus me chercher en voiture car il fallait bien plus de 30 minutes de marche pour les rejoindre. Nous nous sommes rendus dans une autre banlieue, pas loin de la précédente et le processus était le même : nous nous rendions directement chez les résidents, avec notre matériel et nos petits bras, pour leur proposer notre aide, qu’ils acceptaient de nouveau avec plaisir ! Notamment un septuagénaire, propriétaire d’un hôtel dont le parking, les jardins, le garage et les garde-mangers étaient noyés sous la liquéfaction et qui était bien trop vieux pour faire ça tout seul. 2 jeunes retraités habitant près de l’aéroport, donc ayant été épargnés, faisaient également le tour du quartier pour aider au nettoyage nous ont aidé à déblayer tout ça correctement et les pelleteuses et tractopelles toujours là s’occupaient de débarrasser la rue des tas que formions. La liquéfaction commençait à sécher sous la chaleur et ça devenait de la poussière grise, difficile à déplacer. Une fois l’hôtel terminé, nous avons rejoint la propriétaire d’un pavillon qui tentait de déblayer son jardin avec ses 2 enfants de 11 ans…qui portaient des brouettes aussi lourdes que moi ! Elle nous a accueillis comme le messie, nous remerciant mille fois de leur prêter main forte car ils étaient dépassés par l’étendue à nettoyer. A 12h51 nous avons respecté tous ensemble les 2 minutes de silence nationales en mémoire des victimes du séisme qui avait eu lieu 1 semaine plus tôt exactement. Nous étions au bord de la rivière, entre 2 crevasses fraîchement formées, pour la pause déjeuner et les machines autour de nous se sont arrêtées, laissant place à un profond silence...Nous n’entendions que les canards sur l’eau et les mouettes autour de nous, c’est long deux minutes de silence total, c’était presque cérémonieux et l’émotion était visible chez les résidents autour de nous. Nous nous sommes remis au travail pendant que la propriétaire des lieux…nous cuisinait des muffins au raspberries pour nous remercier ! (EXCELLENTS du reste !!). Je m’attachais presque à chaque personne que nous aidions et regrettais presque de les quitter lorsque nous avions fini, mais nous continuions sous une pluie de remerciements et après leur avoir souhaité beaucoup de courage pour la suite. Notre journée était ponctuée par les visites de l’armée, distribuant rations alimentaires et bouteilles d’eau aux résidents, l’Armée du salut, les pompiers et le Cristchurch council, venus faire l’état des lieux et pallier aux premières nécessités des plus sinistrés. Certaines rues étaient encore inondées et déclarées sinistres naturels, destinées à la destruction ça ne servait à rien de les nettoyer alors nous employions notre énergie à aider les habitants de ces rues à déménager, une autre forme d’aide mais toute aussi appréciée. Nous avons fini la journée en compagnie du voisinage, dont les maisons avaient été nettoyées et qui venaient aider les autres, dans une maison dont les propriétaires n’étaient pas là…Lorsque nous avions presque terminé, le cousin des propriétaires qui était venu surveiller l’état de la maison, est arrivé, quelque peu surpris de voir autant de monde dans le jardin et la maison presque entièrement nettoyée ! Ravi, il nous a rejoints pour aider à nettoyer notre dernière maison de la journée, n’ayant plus rien à faire pour ses cousins ! Je suis passée dépenser quelques box (comprenez dollars néozélandais) au seul supermarché de la ville ouvert pour me ravitailler en friandises que je distribuais aux résidents que je rencontrais et souvent leurs enfants (je découvrais par la même occasion les MORO, sorteMars locaux en bien plus petits dont tout le monde raffole ici !) puis je rentrais chez ma famille d’accueil avec qui nous échangions beaucoup lors des repas pendant lesquels je ne m’ennuyais jamais ! Puis ne tardais pas à me coucher et à dormir comme un bébé…
Le mercredi il faisait beau et toujours aussi soleil, mais il y avait également une tempête de vent qui balayait la ville : impossible pour les volontaires de travailler avec la poussière que ça générait. Les sauveteurs et professionnels au centre-ville se battaient eux-mêmes contre le vent et les décombres, ce qui achevait de compliquer leur tâche. Les volontaires étant appelés à rester chez eux ou du moins à ne pas aller travailler physiquement dans les tornadettes (petites tornades ) de poussière, je rejoignais les « street teams » des étudiants, pour aller donner les informations vitales aux résidents qui cherchaient de l’eau potable, un endroit où se laver, une machine à laver, de l’électricité ou autre. Toujours aussi bien accueillis, nous passions là beaucoup plus de temps à bavarder avec les résidents qui nous recevaient chez eux…ou ce qu’il en restait. Une jeune mère de famille s’est effondrée à notre arrivée, nous recevant dans la pièce unique où ils vivaient depuis le séisme avec son mari et ses 2 jeunes enfants. La cheminée effondrée, le toit éventré, des fissures partout, une maison craquelée et de la liquéfaction partout, partout autour et dedans et elle en pleurs au milieu…Pas facile de faire quoi que ce soit qui puisse l’apaiser dans notre position, nous l’avons donc écoutée pendant un bon moment nous dire qu’elle n’en pouvait plus, que le premier tremblement de terre les avait déjà fragilisés et qu’ils n’avaient plus envie de se battre, que ses enfants avaient peur la nuit, qu’ils abandonnaient la maison et tout le reste et partaient s’installer aux Etats-Unis, qu’il ne fallait pas revenir nettoyer, que ça ne servait à rien et que s’ils étaient là aujourd’hui c’était pour fêter l’anniversaire de son mari autour d’un cake improvisé ! A la fin elle ne pleurait plus et souriait presque, nous par contre ne savions pas quoi dire, moi encore moins, ayant peur de ne pas trouver les bons mots en anglais je préférais me taire (c’est pas souvent mais là…) et lorsque nous sommes partis elle nous a chaleureusement remerciés d’être passés la voir, de l’avoir écoutée, de ne pas l’avoir laissée seule nous disant que ça lui avait fait beaucoup de bien, que c’était beaucoup pour elle, qu’il fallait qu’on continue avec les étudiants et les volontaires, que d’autres en avaient encore besoin. Je dois dire que je me sentais un peu bête devant pareille reconnaissance alors que nous n’avions strictement rien fait pour elle, ni physiquement, ni matériellement ! Mais notre visite l’avait soulagée et même si nous ne travaillions pas d’arrache-pied dans le vent et la poussière, nos visites servaient au moins à réconforter nos interlocuteurs…Le vent de Nord-Ouest, comme ils l’appellent ici, soufflait vraiment très fort et nous commencions à respirer fortement la poussière créée par la liquéfaction séchée et accumulée après le séisme, nous sommes donc rentrés en fin d’après-midi. Si nous sentions régulièrement des répliques du séisme et que la terre tremblait souvent depuis mon arrivée (il y a eu en tout 195 répliques enregistrées entre mon arrivée et mon départ de CristChurch !), la plus forte à été ce soir là alors que nous étions tous à la maison. Et si un mois plus tôt les 2 secousses que nous avions senties (dont une de 5.1) nous avaient impressionnés et amusés, cette-fois ci je regardais et sentais les murs vibrer avec une autre appréhension : 42 sdes et amplitude de 4.3 à 4km de profondeur, ça fait bien bouger la terre et tout ce qu’il y a dans la maison ! Mais rien de grave, juste un petit rappel, une façon de sentir qu’on est bien à Cristchurch et pas ailleurs. Ce soir là la Consul de France, arrivée en ville de Wellington dans la journée pour rencontrer les ressortissants française installés à CristChurch et malmenés par le séisme, devait également dormir chez Colette et Pierre (il n’y avait vraiment de logement pour PERSONNE ! Colette et Pierre faisaientt office de Bed&breakfast au final !), je téléphonais donc à Carlos, ma rencontre du lundi matin pour lui demander de m’accueillir comme il l’avait proposé pour la fin de la semaine. Toujours aussi gentil, il me demande s’il est possible pour moi de me rendre chez lui à partir du lendemain, jeudi soir, pas de problème pour moi et ni pour Colette&Pierre qui acceptent de m’héberger une nuit de plus. J’étais assez curieuse de rencontrer la consul de France et d’échanger avec elle lors du dîner, mais elle est arrivée très tard alors que j’étais couchée depuis bien longtemps.
Le jeudi matin je partais de nouveau aux aurores, en pleine forme et je commençais à m’habituer à mon petit trajet d’une demi-heure du matin au soleil pendant lequel je croisais plusieurs étudiants dans le même cas que moi, il était rare que je finisse le trajet toute seule. Ce matin là, alors que nous attendions pour nous inscrire sur les registres, les étudiants nous annonçaient au parlophone que nous avions très bien avancé dans les banlieues et que vendredi (le lendemain) serait le dernier jour de notre action commune, de même que leur action à eux, le campus allant rouvrir très bientôt. Déjà je pensais ! J’étais seulement là depuis 5 jours, je pouvais encore faire bien plus, je voulais faire bien plus, aucune envie de m’arrêter là, le centre-ville toujours fermé pour la démolition des buildings à risque ressemblait à un no man’s land où il allait falloir déblayer largement aussi…Un quarantenaire à l’allure patron, Ray-ban et peau tannée me sort de mes pensées en me disant que c’est son 1er jour en tant que volontaire, qu’il ne sait pas comment ça fonctionne mais qu’il a une voiture ! Fort bien, nous formons rapidement une équipe composée de Nigel (le patron) un papa, son ado et moi puis nous partons en squadrons cette-fois ci, c’est-à-dire que les étudiants nous délivrent une adresse bien précise de gens ayant demandé de l’aide et nous allons directement les aider avec notre équipe. Ce matin-là nous travaillions en collaboration avec les pelleteuses et tractopelles de la ville de CristChurch, des employés municipaux loin d’être stressés qui prenaient un malin plaisir à se laisser diriger par moi, seule fille de l’équipe (moi je m’amusais avec les machines, tout le monde était content !) et frenchie qui plus est ! Il y avait de plus en plus de poussière et ça devenait compliquer de la déplacer, mais nous avons nettoyé toute une rue avant d’aller nous attaquer au nettoyage d’un lycée où plusieurs volontaires et employés municipaux étaient également à l’œuvre. Entre 2 coups de pelle, Nigel, mon nouvel ami de volontariat, m’apprend qu’il travaille pour 2 grosses sociétés à Auckland et qu’il se ferait un plaisir de transmettre mon CV dans les 2 sociétés pour m’aider dans mes recherches d’emploi : FORT BIEN ! Ou comment joindre l’utile à …l’utile ! C’est en milieu d’après-midi, après 2 missions une nouvelle fois parfaitement accomplies que nous avons rejoint le campus où le concert d’une star de la chanson locale battait son plein en l’honneur des étudiants et des volontaires qui étaient hystériques ! J’ai contacté de nouveau Carlos comme il me l’avait demandé et lorsqu’il m’a dit que sa femme et son fils avaient quitté la ville pour le we et que nous aurions donc la maison pour nous tous seuls avec peut-être des potes à lui je l’ai comment dire…gentiment remercié en lui disant d’aller se faire un peu E*****R ! Poli et gentil quoi. Je m’étais peut-être un peu enflammée sur l’accueil ici ou peut-être est-il plus chaleureux que je ne l’imaginais !Colette et Pierre ont acceptés de m’héberger une dernière nuit (peuchères, ça devait être pour une ou deux nuits au départ !), heureux que je ne sois pas allée chez Carlos et Colette imaginant milles histoires possibles et inimaginables sur lui au dîner, telle une maman J La consulette regrettait de ne pas m’avoir rencontrée au petit-déjeuner m’ont-ils dit, mais elle était tellement fatiguée que lorsqu’elle s’est réveillée à…10H45, j’étais en train de pelleter depuis belle lurette le matin même !
Le soir je me demandais quoi faire. Je voulais plus que tout rester sur place et continuer à aider, mais les banlieues se terminaient le lendemain, le centre-ville était toujours fermé aux non-professionnels et ils prévoyaient de l’ouvrir dans les 2 semaines suivantes pas avant, il n’y avait toujours pas de logements disponibles et j’étais chez Colette et Pierre depuis 6 jours déjà le lendemain…C’est la mort dans l’âme et suivant les conseils de mes hôtes que j’ai donc pris un billet pour rentrer à Auckland le lendemain, mais en soirée ! Je voulais terminer ce que j’avais commencé et aller travailler avec les étudiants pour la dernière journée.
Le vendredi matin je me rendais sur le campus en regrettant presque déjà ma petite marche au soleil levant et ma balade d’une demi-heure. Toute la ville était parée de drapeaux rouges et noirs, les couleurs de la ville, et c’est en rouge et noir également que nous avons travaillé toute la matinée pour déblayer la dernière banlieue qui le nécessitait. Tout le monde était là pour le dernier jour : les étudiants, les volontaires, les machines : une vraie fourmilière ! Si le premier jour la liquéfaction était solide et vaseuse, là il s’agissait clairement de déplacer de la poussière et de gratter les plaques séchées par le soleil. Tout le monde avait pris le rythme en une semaine et ça n’a pas traîné, pour le déjeuner c’était fait ! Les coups de pelle et la brouette branlante n’ont plus de secrets pour moi d’ailleurs ! Embrassades, accolades, cris, chants, sauts, jets de pelles et de bêches ont ponctué cette dernière matinée et notre semaine. Je suis rapidement rentrée prendre une douche et acheter de la nourriture que nous sommes allés déposer avec Colette aux centres qui ravitaillent les volontaires professionnels puis j’ai filé prendre mon avion pour rentrer…à la maison ! Et j’ai quitté le soleil et les 30 degrés de Cristchurch (pour la 3ème fois en moins de 2 mois) pour trouver le ciel gris et une pluie battante à Auckland, ce qui a achevé de me démonter le moral, moi qui n’avait aucune envie de rentrer aussi tôt, cette impression d’inachevé, de ne pas avoir tout donné…Le retour à la Boarding House s’est formidablement bien passé, ma chambre m’attendait, avec draps et couverture s’il vous plaît (Kelly est jalouse !!), tout le monde est venu me saluer et le dîner était prêt : le retour de l’enfant prodige !! J’étais exténuée mais contente de retrouver mes 2 joyeux lurons qui n’avaient pas chômé pendant mon absence : Flol avait passé un entretien pour travailler dans un nouveau snack et Kelly allait commencer à travailler le lundi suivant ! Après le debrief de rigueur je me suis effondrée dans les bras de Morphée…

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